Je suis mon propre psy

Hello,

La dernière fois je te parlais du livre de Hubert Ripoll, Le mental des champions.

On avait évoqué leur identité de n°1, d’où venait cette motivation et cette vision et ce qu’ils mettaient en place pour leader leurs compétitions.

Mais la fin de ma lecture m’a laissé perplexe.

Le dernier chapitre s’intitule “je suis mon propre psy” et met en avant le fait que les sportifs estimaient ne pas avoir besoin d’accompagnement mental car ils y arrivaient très bien tout seul, et voyaient surtout du mauvais œil le fait qu’une tierce personne intervienne dans leur équilibre.

Et sur les 16 athlètes interviewés, seulement 4 ont eu recours de manière régulière ou ponctuelle à des préparateur mentaux. Les 12 autres s’estiment autonomes dans leur prépa mentale.

L’auteur explique ce raisonnement : les n°1 ont cette volonté de rester autonome dans leur quête de réussite. Ils ont grimpés les échelons et construits leur palmarès seul ou en duo avec l’entraîneur, alors pourquoi ajouter une 3ème personne qui viendrait bousculer l’équilibre construit jusqu’ici ?

Cela ne les empêche pas de travailler sur ce point, seuls certes. Ils testent, cherchent et trouvent les moyens de booster leur mental, d’avoir les bons outils en compétition et ils s’inspirent des plus anciens pour “faire leur sauce” (ce sont les mots du livre).

Mais l’auteur insiste sur quelque chose d’intéressant et je rejoins cette vision. Il appuie sur le fait que certes il y a la simple volonté de l’athlète (et qu’il ne faut pas aller à l’encontre de celle ci) mais cela peut cacher une méfiance des athlètes et des encadrants sportifs envers les psy et préparateurs mentaux.

Pourquoi cette méfiance ?

Ils ont peur que cette tierce personne les couve trop ou leur dise quoi faire : “je n’ai jamais eu besoin de quelqu’un derrière moi qui me dise “mon petit, est ce que ça ne va pas ?” “(…) je ne voudrais pas que quelqu’un se mette au milieu de tout ça, me dise qu’il faut faire ça ou ça”.

De plus, ils en voient pas l’intérêt car tout a fonctionné jusqu’ici. Effectivement, pourquoi ajouter quelque chose quand tu as déjà atteint le Saint Graal ?

Enfin, certains doutent de la légitimité et des compétences de ces praticiens, et à juste titre. Les psychologues font parti d’un ordre et c’est un titre protégé, mais pas celui de préparateur mental. Donc comment repérer un expert d’un gourou ?

C’est d’ailleurs arrivé à une athlète, une sprinteuse, lors des Jeux Olympiques d’Athènes en 2004 : Elle était prétendante au podium, et finalement ne passe pas les demi finales car elle reste bloquée dans les starting-blocks. Elle a expliqué cela par le fait qu’elle était dans une relation d’emprise avec sa psy de l’époque. Depuis elle même et la fédé ont été réticents à intégrer un accompagnement mental dans leur prépa et celles des athlètes. Et à juste titre.

Mon avis dans tout ça

Je pense dans un premier temps qu’à l’époque de l’écriture du livre, en 2012, la prépa mentale et globalement le mental était un sujet tabou. Il a de plus interviewé des sportifs des années 90/2000, qui avaient encore moins cet appétence pour le mental.

Ceci étant dit, ça existait à l’époque, donc chaque sportif pouvait être suivi mais ils n’en ressentaient pas le besoin et souhaitaient être autonome. Soit. Mais comment lever les blocages mentaux ? Comment voir autrement une certaine situation quand tu restes dans ton propre prisme tout le temps ? A qui parler librement quand tu as besoin décharger ? Comment avoir un temps d’avance sur tes adversaires quand tu n’as pas la technique ou l’outil nécessaire ?

De mon point de vue, un psy ou un préparateur mental n’est pas là pour être derrière l’athlète ou constamment sur son dos. Il n’est pas là pour dire quoi faire ou ne pas faire, comment se sentir ou ne pas se sentir ou donner raison à chaque ouin ouin. Un psy ou préparateur mental est là pour aider à trouver ses propres réponses, secouer pour ne pas se complaire dans une situation, faire prendre un pas de recul quand l’athlète s’engouffre dans un cercle vicieux, apporter des outils et techniques que chacun peut s’approprier…

A la différence qu’un psy pourra apporter une thérapie et un regard médical, ce que le préparateur mental ne peut pas.

Je pense que chaque athlète mérite de comprendre le fonctionnement de son cerveau et de ses schémas à lui pour pouvoir les améliorer. Malheureusement le sujet étant tabou il y a encore pas si longtemps que ça, il a été difficile d’éduquer les athlètes sur cet aspect crucial de la performance.

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L’évolution

Comme je disais juste avant, les athlètes interrogés ont perfé dans les années 90/2000, à l’époque c’était un sujet méconnu, tabou. Il est donc normal qu’il y ait une méfiance envers les praticiens et surtout la peur d’en parler.

Le livre étant écrit en 2012, il est intéressant de voir l’évolution de l’accompagnement mental (psy ou prépa mentale) au sein du sport français : les CREPS, l’INSEP et les fédé s’intéressent de plus en plus à ces sujets, les nouvelles générations intègrent de plus en plus ce levier dans leur prépa. Et c’est une bonne nouvelle je trouve.

J’ai d’ailleurs posé la question aux athlètes du programme Focus & Flow à combien de % il estimaient l’impact du mental sur la performance : en moyenne, ils l’estiment à environ 70%. Et je suis d’accord avec eux.

Et l’entraîneur dans tout ça ?

L’auteur écrit que l’entraîneur peut se faire accompagner voir conseiller par un préparateur mental. A la fois pour qu’il se fasse coacher sur ses propres croyances et schémas, et ensuite pour qu’il ait des tips à utiliser auprès du sportif.

Aujourd’hui de plus en plus d’entraîneur ont compris l’apport d’un accompagnement de ce type dans l’entraînement. Cela leur donne des pistes et des outils qui sont pour eux non négligeables. Et je vois l’impact d’un discours de coach sur un athlète, cela peut des fois être dévastateur.

Il existe des formations pour les entraîneurs ou les parents de sportifs afin de les coacher pour donner un environnement le plus stable possible à l’athlète, communiquer au mieux ou gérer leur propres émotions lors des temps forts de la saison.

Je suis curieuse d’avoir ton avis et ton regard sur tout ça, pour moi il n’y a pas de vérité absolu et chaque athlète fait comme il veut et peut.

Pour ça tu peux m’écrire en cliquant ici :

A bientôt pour la prochaine édition,

Eloïse

Moi c’est Eloïse, la préparatrice mentale des athlètes. 🌱

J’ai performé en tant qu’athlète de haut niveau pendant presque 10 ans, et aujourd'hui je suis passée de l’autre côté de la barrière pour accompagner les sportifs comme toi, dans leur quête de performance tout en préservant leur équilibre. Alors, prêt à performer ?

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